Budget 2026 : la prise en charge des maladies chroniques dans le viseur du gouvernement
Le gouvernement envisage d’ajuster le dispositif des affections de longue durée (ALD), dans un contexte budgétaire sous tension.
Une facture de plus en plus coûteuse
Les affections de longue durée (ALD) permettent à près de 14 millions de patients atteints de maladies chroniques de bénéficier d’une prise en charge quasi totale de leurs soins. Soit un Français sur 5. Cancers, diabète, pathologies cardiovasculaires ou psychiatriques : ces maladies entraînent des traitements réguliers et coûteux que l’Assurance maladie prend en grande partie à sa charge.
Mais ce système de solidarité – instauré pour limiter les restes à charge – pèse lourd sur les finances publiques. En 2021, la facture s’élevait à plus de 12 milliards d’euros. Une tendance à la hausse qui pourrait atteindre les 16 milliards d’ici 2030, selon l’Inspection générale des finances. Face à cette dérive, le ministre de la Santé Yannick Neuder propose d’« évaluer » les conditions d’éligibilité, notamment pour les patients en rémission complète. Une réforme qui pourrait également avoir un impact sur l’assurance de prêt immobilier.
Vers un recentrage du dispositif sur les cas les plus lourds ?
Invité sur LCP, Yannick Neuder a évoqué la possibilité de suspendre l’ALD pour les patients dont la pathologie est stabilisée, dans une logique de « droit à l’oubli ». Il rappelle que les remboursements liés à une ALD devraient rester strictement connectés à la pathologie déclarée. L’idée : concentrer les efforts sur les soins réellement nécessaires, tout en évitant les abus ou les effets d’aubaine. Cette proposition s’inscrit dans un contexte où les comptes de l’Assurance maladie affichent une dette préoccupante, alimentée par la progression des dépenses de santé. Estimé à 22 milliards d’euros cette année, le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 25 milliards à l’horizon 2029, selon le rapport de la commission des comptes.
Une réforme sensible sous étroite surveillance
La perspective d’une évolution du cadre des ALD n’est pas nouvelle. Au printemps 2024, la Cour des comptes avait déjà appelé à un contrôle plus strict de ces dépenses, suggérant de recentrer les remboursements sur les soins les plus pertinents. De son côté, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, plaidait alors pour une refonte du dispositif, jugé « ancien » au regard des progrès médicaux. Une position qui avait suscité une levée de boucliers, y compris au sein de la majorité. Yannick Neuder se montre toutefois rassurant : il n’est pas question de faire des économies « sur le dos de la santé des Français ». Reste que le débat sur le maintien du système est relancé, à l’aube de la présentation du nouveau budget 2026.