Pauvreté : 650 000 Français de plus sous le seuil en 2023 !
Du jamais vu depuis 30 ans ! En 2023, près de 10 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Soit 650 000 de plus qu’en 2022.
Une hausse record du taux de pauvreté en un an
Le dernier rapport de l’Insee, publié le 7 juillet, dresse un constat alarmant : 9,8 millions de Français vivaient sous le seuil de pauvreté en 2023 (15,4% de la population). Cela représente 650 000 personnes de plus en un an (+7,1 %). Soit la plus forte augmentation depuis 1996, année où ces données ont commencé à être analysées. Comparée à 2017, l’augmentation atteint même 14,2 %. Une progression qui, selon l’Observatoire des inégalités, confirme une tendance « lente, mais continue ».
Le seuil de pauvreté, défini comme 60 % du revenu médian, s’établit désormais à :
- 1 288 euros par mois pour une personne seule ;
- 1 932 euros pour un couple
- 2 318 euros pour un foyer avec un enfant de moins de 14 ans ;
- 2 962 euros pour un couple avec deux enfants, dont l’un a plus de 14 ans.
Le Journal du Dimanche avait déjà évoqué, au printemps, une hausse de 17 % entre 2017 et 2023 en s’appuyant sur les données d’Eurostat. Des chiffres contestés par le gouvernement, qui rappelait alors que depuis 2022, le calcul inclut quatre départements d’outre-mer, où la pauvreté est beaucoup plus élevée.
Des aides exceptionnelles non reconduites
Alors, que s’est-il passé entre 2022 et 2023 pour expliquer une telle hausse ? L’Insee avance plusieurs raisons. La première étant la non-reconduction de certaines aides exceptionnelles mises en place en 2022, comme l’indemnité inflation ou la prime exceptionnelle de rentrée. Leur disparition a fortement pesé sur les budgets des ménages les plus précaires. Parallèlement, le nombre d’allocataires des aides au logement continue de baisser, accentuant les difficultés. Si la pauvreté progresse dans l’ensemble de la population, les retraités semblent un peu mieux protégés : leur taux atteint 11,1 %, avec une hausse limitée (+0,3 point) grâce notamment à la revalorisation du minimum contributif dans le cadre de la réforme des retraites. À l’inverse, les familles monoparentales restent parmi les plus exposées. Et ce, malgré la revalorisation de l’allocation de soutien familial fin 2022, jugée insuffisante pour compenser la perte des aides exceptionnelles.
À noter que pour les ménages qui ont accumulé beaucoup de dettes, il est possible de se tourner vers un rachat de crédits. Accessible sous conditions, cette opération consiste à réunir plusieurs prêts en un seul. À la clé ? Le remboursement d’une mensualité unique au montant réduit. En contrepartie, vous consentez à une augmentation du coût total du crédit, qui s’explique par un allongement de sa durée. Pour en savoir plus, il est conseillé d’utiliser les comparateurs de rachat de crédits.
Des réponses qui peinent à convaincre
Cette situation relance le débat sur la politique de lutte contre la pauvreté. « L’heure n’est plus aux mesures ponctuelles, il faut des mesures structurelles », plaide Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre). Delphine Rouilleault, présidente du collectif Alerte, rappelle avoir rencontré récemment le Premier ministre François Bayrou, qui a affiché un objectif de réduction de la pauvreté sur dix ans : « Mais avec quels moyens ? » interroge-t-elle.
Emmanuel Macron avait déjà fait de cette lutte une priorité dès son premier mandat, avec une stratégie nationale chiffrée à plus de 8 milliards d’euros en 2018, suivie en 2023 par le Pacte des solidarités. Mais selon l’Insee, les inégalités, elles aussi, se creusent avec des écarts de niveau de vie qui ne cessent de s’accentuer.